UEMOA : la BCEAO lance l’interopérabilité des paiements instantanés. Ce qui va changer pour les usagers…
À partir du 30 septembre 2025, la BCEAO met en service la Plateforme interopérable du Système de Paiement Instantané (PI-SPI).
Objectif : permettre des virements et paiements en temps réel, 24/7, entre banques, mobile money et microfinance dans toute l’UEMOA. Une étape majeure pour l’inclusion financière et le commerce digital dans la région.
C’est quoi, exactement ?
La PI-SPI est une infrastructure publique opérée par la BCEAO qui connecte tous les acteurs de paiement de l’Union (banques, établissements de monnaie électronique, SFD). Elle ne remplace pas les systèmes existants (ex. SICA-UEMOA) : elle les complète en ajoutant la connexion en temps réel et l’interopérabilité entre réseaux auparavant cloisonnés.
Pour qui ?
- Particuliers : envoi d’argent instantané depuis un compte bancaire ou un portefeuille mobile vers n’importe quel autre compte relié (banque, mobile money, microfinance), dans n’importe quel pays de l’UEMOA (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo).
- PME/commerçants : encaissements immédiats, meilleure trésorerie, coup de pouce au e-commerce.
- Fintechs & opérateurs : accès à une « autoroute » régionale standardisée pour lancer des services temps réel.
Pourquoi maintenant ?
La digitalisation s’est faite surtout via le mobile money ; l’enjeu est désormais d’ouvrir les tuyaux entre tous les systèmes pour faire tomber les frictions (délais, passerelles coûteuses). La BCEAO vise ainsi l’inclusion financière, la traçabilité des flux et la modernisation du marché des paiements.
Comment ça marche (en bref) ?
- Une plateforme centrale route les ordres de paiement et confirme l’exécution en temps réel (24/7).
- Les établissements qui se connectent et certifient leurs systèmes peuvent ouvrir le service à leurs clients.
- La BCEAO a conduit une phase pilote (tests « grandeur nature » démarrés le 5 juin 2025) avec un large échantillon d’acteurs pour valider performances et sécurité.
Qui est prêt au démarrage ?
Au 31 juillet 2025, participaient à la phase pilote 86 banques, 70 institutions de microfinance (SFD) et 10 émetteurs de monnaie électronique. La liste des établissements autorisés à ouvrir le service au public est tenue par la BCEAO et évolue au fil des certifications.
Ce que ça change, très concrètement
- Transferts immédiats entre comptes bancaires et portefeuilles mobiles, au sein de l’UEMOA : plus besoin de passer par des relais ou d’attendre J+1/J+2.
- Moins de friction pour les paiements du quotidien (factures, e-commerce, ride-hailing, livraison), pour les PME(encaissements instantanés) et pour les transferts transfrontaliers intra-UEMOA (temps réel si les deux établissements sont connectés).
- Sécurité & traçabilité renforcées : les flux passent par une infrastructure régulée, ce qui aide la conformité et la lutte contre la fraude.
Implications business
- Banques & opérateurs mobile money : compétition accrue sur l’expérience client (rapidité, disponibilité) et les tarifs ; nouvelles offres « instant pay » B2B2C.
- Fintechs : opportunité d’innover sur le checkout, la caisse numérique, la paie instantanée, les marketplaces.
- États & régulateur : meilleure visibilité sur les flux, accélération de la digitalisation des paiements publics(aides, taxes, factures).
Calendrier et prochaines étapes
- 30 septembre 2025 : lancement opérationnel annoncé par la BCEAO.
- Ouverture au public : progressive, établissement par établissement, selon la conformité technique et sécuritévalidée par la BCEAO (liste officielle à jour).
- À moyen terme : la plateforme a vocation à dialoguer avec d’autres systèmes (ex. PAPSS de la ZLECAf) pour des paiements panafricains plus fluides.
Et l’e-CFA dans tout ça ?
En parallèle, la BCEAO prépare l’e-CFA, version numérique du franc CFA émise par la banque centrale. Le chantier est distinct mais complémentaire : une monnaie digitale de banque centrale circulant sur un rail instantané et interopérable renforcerait souveraineté, innovation et inclusion.
En un mot
La PI-SPI est la brique manquante qui met enfin tout l’écosystème UEMOA sur le même rail temps réel. Pour les usagers, cela veut dire : payer, encaisser, transférer – tout de suite. Pour les entreprises : vendre plus vite et plus loin. Pour l’économie : plus de confiance, plus de traçabilité, plus de digital.
Sources : site de la BCEAO (annonces officielles et liste des participants).
