Le concert “Solidarité Congo”, à Paris, reporté face à la polémique !
Pensé comme un cri du cœur pour l’Est de la RDC, le concert caritatif “Solidarité Congo” a dû être reporté sous pression, en raison de son calendrier tombant le jour de commémoration du génocide des Tutsi au Rwanda.
Un concert pour alerter sur la tragédie à l’Est du Congo
Le 7 avril 2025, la scène de l’Accor Arena devait vibrer au rythme de la solidarité. Des dizaines d’artistes, parmi lesquels Gims, Dadju, Fally Ipupa, Youssoupha, Stefflon Don, ou encore Angélique Kidjo, avaient répondu à l’appel du collectif HCDC, en partenariat avec Team Heros et Give Back Charity, pour un concert caritatif baptisé “Solidarité Congo”.
Objectif de l’événement : soutenir les enfants victimes du conflit armé dans l’Est de la République Démocratique du Congo et mobiliser l’opinion publique autour d’un drame souvent relégué au second plan. L’initiative, à la croisée de la musique et de l’humanitaire, avait rassemblé un plateau d’artistes d’horizons variés, tous unis par un message de paix et de fraternité.

Une initiative critiquée pour sa date : le 7 avril
Malgré ses intentions louables, l’événement s’est retrouvé au cœur d’une vive polémique, en raison de sa date : le 7 avril. Une date hautement symbolique pour la communauté rwandaise, puisqu’elle marque le début du génocide des Tutsi en 1994 — un drame inscrit dans la mémoire collective et reconnu par les institutions internationales.
La CRF (Communauté rwandaise de France) a vivement réagi en dénonçant la tenue d’un tel événement festif ce jour-là. Dans un communiqué officiel, elle a pointé du doigt la présence d’un artiste accusé de “discours de haine et de négation”, sans en révéler publiquement le nom, et a qualifié la date choisie de “profonde offense à la mémoire des victimes du génocide”.
Une manifestation contre le concert avait d’ailleurs été annoncée devant l’Accor Arena, accompagnée du slogan : “Tous contre les discours de haine”, appelant à la mobilisation citoyenne.

Un report imposé par les autorités
Face à la montée de la tension, les organisateurs du concert ont annoncé le report de l’événement à une date ultérieure, précisant que cette décision leur avait été imposée par les autorités administratives — à savoir la Mairie de Paris et la Préfecture. Dans un communiqué publié peu après l’annonce, l’équipe de “Solidarité Congo” dit regretter cette décision, tout en réaffirmant que leur démarche n’avait aucune visée politique ou négationniste.
“Solidarité Congo n’est pas un simple concert : c’est un cri du cœur, une réponse artistique à la détresse des enfants victimes de la guerre à l’Est de la RDC”, peut-on lire dans leur communiqué.
La CRF, de son côté, a salué “une décision responsable”, estimant qu’elle répondait aux préoccupations légitimes de celles et ceux qui luttent contre toute tentative d’instrumentalisation du contexte congolais au détriment de la mémoire du génocide des Tutsi. Elle a rappelé que le 7 avril reste une journée de recueillement et de mémoire, appelant à la vigilance contre toute banalisation de cette tragédie historique.
📢 COMMUNIQUÉ DE LA CRF
— La CRF (@La_CRFrance) March 27, 2025
Nous prenons acte de la décision des organisateurs du concert Solidarité Congo, initialement prévu le 7 avril 2025, de reporter cet événement.
Nous saluons cette décision responsable, qui répond aux préoccupations de celles et ceux qui refusent… https://t.co/q4F4Wsp7Gq
Et maintenant ?
La date du report n’a pas encore été annoncée, mais les organisateurs promettent de revenir avec un événement tout aussi mobilisateur. Ce couac soulève néanmoins une question de fond : comment conjuguer mobilisation culturelle, solidarité humanitaire et respect des mémoires historiques ? Un enjeu délicat à l’heure où les blessures du passé restent vives, et où chaque prise de parole publique peut être scrutée, voire contestée.