Depuis l’arrivée de Samuel Eto’o à la présidence de la Fédération Camerounaise de Football (Fecafoot), l’institution traverse une crise sans précédent. Entre tensions avec les clubs, conflits internes, recours judiciaires et sanctions internationales, jamais la Fecafoot n’avait autant fait parler d’elle. Pourtant, lors de sa campagne électorale, l’ancien capitaine des Lions Indomptables promettait un renouveau du football camerounais, fort de sa popularité et de son autorité.
Ses supporters y voyaient un espoir inébranlable pour remettre sur pied une fédération en crise depuis 2019, minée par des querelles de succession et une instabilité chronique.
Eto’o, de l’espoir au désespoir !
Samuel Eto’o avait toutes les cartes en main pour réussir. Grâce à son immense aura et à son réseau d’influence, il ambitionnait de relancer un championnat local à l’arrêt depuis plusieurs années. La priorité de son mandat : restructurer l’élite du football camerounais. Les premiers mois ont semblé marquer un tournant positif avec la relance de l’Elite One et Two, une augmentation des salaires et la mise en place de garanties minimales pour les joueurs. Ces réformes ont offert un souffle nouveau au football local, redonnant espoir aux acteurs du championnat.

Un président omnipotent ?
Si le football local semblait retrouver un certain équilibre, la gestion de l’équipe nationale, elle, a plongé dans le chaos. L’élimination des Lions Indomptables en demi-finale de la CAN 2022 face à l’Égypte, sur leurs propres terres, a marqué un tournant. Amer, Samuel Eto’o a décidé de se séparer du sélectionneur en place, malgré la dynamique positive de l’équipe et une qualification arrachée avec brio contre la Côte d’Ivoire pour la Coupe du Monde 2022. Une décision jugée précipitée, qui a suscité l’incompréhension, d’autant plus que la tutelle du football camerounais prônait le maintien du technicien portugais.
Dans la foulée, l’ancien capitaine Rigobert Song est nommé à la tête des Lions, un choix controversé qui alimente encore les débats. À cela s’ajoute la résiliation brutale du contrat avec l’équipementier sportif, officiellement pour non-respect des clauses contractuelles. Une succession de décisions administratives opaques qui soulèvent des interrogations sur la gouvernance de la fédération, marquée par une série de bouleversements en moins de trois ans. Entre une élimination précoce au Mondial, une CAN 2023 désastreuse et des performances décevantes des sélections féminines et jeunes, l’image des Lions Indomptables n’a jamais été aussi écornée.

Des erreurs à répétition
Le football camerounais traverse une période trouble : conflits internes, dettes, tensions administratives et décisions contestées. La gestion de l’équipementier illustre ces errements. Présenté comme “le contrat le plus juteux de l’histoire du football camerounais”, le partenariat avec One All Sports s’est effondré après seulement deux ans, pour des raisons similaires à celles qui avaient poussé à rompre avec le précédent équipementier. Résultat : pendant des mois, les Lions se sont retrouvés sans équipement officiel, dans un silence assourdissant de la Fecafoot.

Une dernière chance pour Eto’o ?
Alors que la fin du mandat de Samuel Eto’o approche, son héritage soulève des doutes. L’ancien buteur laissera-t-il derrière lui une fédération renforcée ou un football camerounais englué dans des querelles administratives et des erreurs stratégiques ? Un nouveau sélectionneur controversé, un équipementier méconnu… Autant de décisions qui font craindre une répétition des erreurs du passé. L’heure est venue pour la Fecafoot de redresser la barre avant qu’il ne soit trop tard.
